Éléonora
Transpercée par vos regards accusateurs, ma douleur jaillit.
Sous ces blessures, mes jambes faiblissent.
Ce trou béant en moi, ce fœtus retiré.
Cet espace à remplir, cet utérus à reconstruire.
Corps détruit.
Âme meurtrie.
Oppressante culpabilité.
Vouloir devenir anonyme, disparaître et en perdre la tête.
Effacer mon identité et éviter ainsi de regarder la réalité.
Préserver mon cœur afin qu’il devienne un phare pour les jours heureux.
Le corps inerte d’un mannequin anonyme dissimule et détruit l’identité de la femme en mettant de l’avant sa souffrance intériorisée qu’elle vit suite à un avortement. Elle n’est plus individu, elle est femme-avortée. Un vide glacial intronisé est évoqué ici par un espace béant au centre du corps, au sein duquel se trouve un utérus crocheté mollement. Cette laine pendante symbolise la nécessité de se reconstruire une fois l’oeuf fécondé retiré.
Malgré ces entrailles éviscérées, la femme se tient droite, figée, soutenue par des jambes affaiblies, perforée par des commentaires perfides sur sa situation. Les fils rouges, ces traces de sang, restreignent sa capacité à se mouvoir. À tout moment, elle risque de buter, de s’entremêler dans ces reproches d’autrui ignorant tout de ce qu’elle dissimule.
Le coeur s’illumine, signe d’espoir. Dans sa tristesse, la femme devient un phare pour les autres se trouvant dans sa situation. Fière, elle veille et guide.