Ismène la contestataire : la face cachée de la résistance
Au fil du temps, le personnage d’Antigone a pris une place importante dans l’imaginaire collectif de la résistance. La portée symbolique de cette héroïne est encore manifeste et nous ne souhaitons pas l’amoindrir. Toutefois, nous pensons que le pouvoir est inhérent à chaque révolte, à chaque opposition, et que nous devons rester critiques face à lui, même lorsqu’il sert de justes causes. Aussi, nous pensons que la valorisation d’Antigone n’est pas sans conséquence pour les autres figures féminines du mythe et plus précisément, que la figure d’Ismène est sacrifiée au nom de sa sœur Antigone, alors que leurs destins sont pourtant intrinsèquement liés. Nous analyserons la tragédie de Sophocle dans une perspective matérialiste et tenterons de dégager les rapports de pouvoir entre les filles d’Œdipe et de comprendre le sacrifice de chacune des sœurs. À l’aide de l’ouvrage Les femmes de droite d’Andrea Dworkin, nous montrerons d’abord comment Antigone est proche du pouvoir dans son rapport à sa sœur et dans son rapport aux dieux. Par la suite, nous utiliserons les essais La femme et le sacrifice d’Anne Dufourmantelle et Les filles en série de Martine Delvaux pour montrer de quelle manière Ismène peut être analysée comme la femme sacrifiée et Antigone, la femme sacrifiante.
Au lendemain de la mort des frères Polynice et Étéocle, le roi Créon, l’oncle d’Antigone et d’Ismène, annonce un décret. Étéocle le brave sera enterré avec honneur, alors que le cadavre de Polynice le rebelle sera laissé sur la place publique. Antigone, sensible aux lois divines, enterre symboliquement son frère d’une poignée de terre à deux reprises, geste qu’elle paiera de sa vie. La pièce se termine alors que Créon réalise qu’il est responsable de la mort de sa nièce Antigone, de son fils Hémon et de son épouse Eurydice.
La tragédie sophocléenne débute avec un prologue qui met en scène les deux sœurs, au moment où Antigone annonce le décret de Créon à Ismène. D’emblée, le spectateur est mis au fait de la relation de sororité: « Chère Ismène, ma sœur, toi qui partages mon sort et tous les maux qu’Œdipe nous a laissés en héritage1Sophocle, Antigone, Paris, Flammarion, 1999, p. 41.» puis « je ne vois rien qui nous ait été épargné, à toi aussi bien qu’à moi2Ibid.. » Dans cette toute première tirade, Antigone aborde sa sœur en complicité : elles vivent toutes deux la même tragédie. Par une série de phrases interrogatives, Antigone tente de convaincre sa sœur de se lier à son projet d’enterrer leur défunt frère. Or, devant les réticences d’Ismène, qui craint trop l’ordonnance du roi pour agir, les paroles d’Antigone se transforment rapidement en injonction, imposant à sa sœur d’être fidèle à sa race et de se rappeler son lien de filiation avec Polynice. Dès la cinquième réplique, Antigone ordonne à sa sœur : « tu devras montrer si tu es fidèle à ta race3Ibid., p.42.. » Suite à ce premier impératif, Antigone rappelle à sa sœur sa filiation : « Polynice est mon frère; il est aussi le tien, quand tu l’oublierais4Ibid., p.43.. » Antigone utilisera encore l’impératif pour s’adresser à sa sœur, tantôt en l’excluant complètement de son projet, tantôt en la méprisant: « Fais donc ce qu’il te plaira5Ibid., p.44. » et « Invoque ce prétexte6Ibid.… » À la fin de la scène, Antigone est résolument opposée à sa sœur : « je t’en voudrais bien plus de ton silence7Ibid., p.45. » et « Ne parle pas ainsi, ou je te haïrai8Ibid.. »
La progression psychologique d’Ismène est différente. Dès sa première réplique, Ismène se questionne. Elle se remémore les événements de la veille (le combat et la mort de ses frères Polynice et Étéocle) et avoue ne rien savoir de plus. Elle supplie rapidement sa sœur de l’informer : « Que se passe-t-il ? Je vois bien que tu médites quelque chose9Ibid., p.42.. » Quand sa sœur lui demande d’être « fidèle à sa race10Ibid. », Ismène ne sait quoi répondre, sinon : « à quoi cela nous avancera-t-il 11Ibid.? » Pour Ismène, une série d’interrogations suit le dévoilement du plan d’Antigone : « Quel est ton projet 12Ibid., p.43.? » « […] tu songes à l’ensevelir 13Ibid.? » « […] et la défense de Créon ?14Ibid. » Alors qu’Antigone pense à ses frères morts, Ismène tente de se rapprocher de sa sœur : « Hélas, réfléchis, ma sœur. […] Demeurées seules, nous deux, à présent, ne prévois-tu pas l’affreuse fin qui nous guette […] ? N’oublie pas que nous sommes femmes, incapables de lutter contre des hommes15Ibid., p. 44.. » Suite à l’injonction d’Antigone: « Ne te mets pas en peine pour moi, assure ta vie16Ibid. », Ismène utilise aussi l’impératif pour mettre en garde sa sœur : « Au moins, n’avertis personne; cache bien ton projet : je le cacherai aussi17Ibid., p. 45.. » Malgré les menaces de sa sœur « je t’en voudrais bien plus de ton silence18Ibid. », Ismène met une fois de plus en garde sa sœur contre sa témérité : « C’est mal déjà de tenter l’impossible19Ibid.. » Finalement, malgré la menace de haine de sa sœur Antigone, la dernière réplique du prologue : « tu sais aimer ceux que tu aimes20Ibid. », est un message d’amour prononcé par Ismène qui bien qu’incapable d’adhérer au projet de sa sœur, reconnaît le caractère louable du geste qu’elle compte porter.
Dans cet unique échange sans témoin, on sent un rapport de force inéquitable entre les sœurs. Ismène ne fait que répondre à Antigone. Plus encore, Ismène peut être vue comme un faire-valoir, le prétexte qui permet de montrer le courage de sa sœur Antigone. Les opinions, les émotions, ou les doutes d’Ismène ne comptent pas pour Antigone. Dévote et prête à tout pour réparer l’injure faite aux dieux, elle suivra son plan, que sa sœur soit d’accord avec celui-ci ou non. Dans la plupart des analyses littéraires, sa piété est saluée et mise de l’avant comme ce qui lui permet de s’élever au-dessus des lois étatiques (lois que sa sœur respecte). Selon notre perspective, il est toutefois difficile de ne pas voir dans une telle dévotion une conséquence des relations de pouvoir qui prennent racinent dans le matériel. En effet, la cité étatique dans laquelle vit Antigone ne semble lui donner aucun pouvoir. Malgré son statut social et ses liens familiaux, son oncle Créon ne la considère que comme « les sillons [des] semailles21Ibid., p. 66. » de son fils Hémon. Prochaine héritière du trône, Antigone demeure une femme et elle est donc exclue du pouvoir. Pour contrer ce mutisme forcé, Antigone choisit d’agir sans craindre la mort.
Bien qu’on puisse voir une rébellion dans cet acte de piété suprême, nous pensons qu’il y a également une part de soumission. Nous sommes ainsi sensibles à la mise en garde d’Andrea Dworkin : « le danger, c’est que les femmes qui se sacrifient deviennent de parfaits petits fantassins qui obéissent aux ordres22 Andrea Dworkin, La femme de droite, Montréal, Les éditions du remue-ménage, coll. « Observatoire de l’antiféminisme », 2012, p. 43.. » Mais de quels ordres s’agit-il dans le cas de l’héroïne sophocléenne ? Antigone ne s’oppose-t-elle pas au décret de son oncle Créon? Elle brave effectivement l’interdiction de l’État, mais ce n’est, il nous semble, que pour mieux respecter les lois qui peuvent le plus pour elle : les lois divines. Dans une cité où, malgré son rang dans la lignée royale, elle ne pourra accéder au pouvoir, à l’équité ou à la reconnaissance, vers qui peut-elle se tourner ? A-t-elle seulement le choix de louer l’Hadès, lieu où elle demeurera pour l’éternité ? Elle sait pertinemment que ses vrais souverains son « ceux d’en bas » et que « là-bas [son] séjour n’aura point de fin23 Sophocle, 1999, op. cit., p. 44.. » Les répliques adressées à Créon à la deuxième scène de l’acte deux sont encore plus éloquentes : « Leur désobéir n’était-ce point […] encourir la rigueur des dieux24Ibid., p. 61. ? » De plus, le champ lexical du « devoir » est également très révélateur dans le discours d’Antigone, présent dès son deuxième monologue : « la sépulture due25Ibid., p. 42. », « selon les rites26Ibid. », « son devoir27Ibid. », « tu devras28Ibid. », « si tu es fidèle29Ibid. ». Dans cette lignée de pensée, il est possible de voir en Antigone une figure qui cherche un sens à son existence et qui le fait « en s’attachant […] aux valeurs que respectent les hommes30 Andrea Dworkin, 2012, op. cit., p. 30. », c’est-à-dire aux rites sacrés.
Évidemment, Antigone s’oppose tout de même à un homme, un tyran, au nom de la religion. Cependant, la princesse est elle aussi « traversée 31 Inspiré de la vision foucaldienne du pouvoir : Michel Foucault, Histoire de la sexualité – La volonté de savoir, tome I, France, Édition Gallimard, 1976, pp. 121-129. » par le pouvoir. Sa piété, plus qu’une simple issue contre la tyrannie, vise une reconnaissance: « annonce-le à tout le monde32Sophocle, 1999, op. cit., p. 45. » « je serai morte glorieusement33Ibid.. » Cette reconnaissance, nous pensons qu’elle l’attend d’abord des dieux. Antigone les respecte, les vénère, et se remet entièrement à eux : « Si les dieux trouvent bon qu’on m’ait traitée de la sorte, alors au milieu de mon supplice, je confesserai que j’étais criminelle34Ibid., p. 82. ». Les contradictions sont caractéristiques du théâtre de Sophocle35Michel Corvin, Dictionnaire encyclopédique du théâtre à travers le monde, Paris, Éditions Bordas, 2008, p. 1280., il n’est donc pas surprenant de les retrouver chez Antigone. Elles contribuent à la profondeur de l’héroïne, à sa complexité. Dans notre perspective, elle met cependant en lumière un aspect peu analysé du personnage. Par son rapport au pouvoir, Antigone devient « double36Anne Dufourmantelle, La femme et le sacrifice : d’Antigone à la femme d’à côté, Paris, Éditions Denoël, coll. « Médiations », 2007, p. 33. », elle est à la fois « sacrifiée37Ibid. » et « sacrifiante38Ibid. ».
Nous avons vu de quelle manière Antigone refuse les lois étatiques tout en incarnant le pouvoir face à sa sœur et en reconnaissant le pouvoir des dieux. Toutefois, si Antigone est celle qui dit « non » au pouvoir étatique, elle le fait, nous semble-t-il, pour saluer la suprématie des dieux. Elle le fait également pour son frère, comme le souligne Anne Dufourmantelle : « Antigone meurt d’avoir été jusqu’au bout fidèle à son frère39Ibid., p. 88.. » Toutefois, il ne nous semble pas évident qu’Antigone soit « “la” sœur par excellence40Ibid., p. 89. » ou du moins, elle ne l’est pas pour Ismène. Antigone est effectivement très dure envers sa sœur, et l’empêche de l’accompagner dans la mort : « Ne t’approprie pas un ouvrage que tu n’as pas travaillé41Sophocle, 1999, op. cit., p. 65.. » Dans cette simple phrase, on sent bien que l’importance qu’Antigone accorde à l’honneur prime sur ses liens de sororité.
Sous cet angle, nous pensons qu’Antigone est peut-être plus sacrifiante que sacrifiée. Antigone est prête à mourir pour enterrer son frère et ce, que sa sœur Ismène s’y oppose ou non. Toutefois, Ismène se fait accuser d’être complice du geste de sa sœur et doit faire face à la même tyrannie (acte 2, scène 2) : « ni elle [Antigone] ni sa sœur [Ismène] n’échapperont à une mort infâme42Ibid., p. 62. » clame Créon. Or, Créon n’est pas le bourreau d’Ismène. Ce n’est pas, en notre sens, parce qu’il revient sur sa décision de mettre à mort Ismène, mais bien parce qu’un autre personnage a déjà fait périr la princesse. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, nous pensons que c’est plutôt Antigone qui condamne sa sœur Ismène. Selon ce qui est développé par Anne Dufourmantelle dans l’essai la femme et le sacrifice, ce qu’Antigone gagne par son sacrifice est « une forme d’éternité et de rappel de la mémoire de tous qui vaut toutes les morts43Anne Dufourmantelle, 2007, op. cit., p. 22.. » C’est à cause de sa mort qu’on se souvient d’Antigone. Cette pérennité après la mort, Antigone l’empêche à sa sœur, en la condamnant à vivre : « La Justice ne le permet pas car tu t’es dérobée, et j’ai agi seule44Sophocle, 1999, op. cit., p. 64.. » En forçant Ismène à la vie, Antigone la force au silence, et assure en quelque sorte sa propre mémoire : on ne se souviendra que d’Antigone. Ainsi, nous pensons qu’Antigone, par son refus de voir mourir sa sœur à ses côtés, condamne Ismène, la sacrifie. Antigone devient alors sacrifiante. Mais pour qu’il en soit ainsi, il faut expliquer en quoi la figure d’Ismène est sacrifiée par sa sœur.
Dépendantes l’une de l’autre, portant sur elles leur héritage, les destins des sœurs sont liés. Toutes deux filles d’Œdipe, elles doivent porter l’odieux de leurs parents incestueux, elles sont les restes d’une famille maudite. De même que les Cariatides, « ces statues de femmes en tunique soutenant un entablement sur la tête et faisant ainsi figure de colonnes45Martine Delvaux, Les filles en série, Montréal, Les éditions du remue-ménage, 2013, p. 19. », les sœurs sont tenues de rester droites, solides, de supporter le poids d’un passé trop lourd sur leurs têtes. Dans cette épreuve, elles sont liées par le sang, par le devoir : ce qu’une sœur commet, l’autre le subira aussi. En s’opposant à Créon, en sortant du rôle de pilier qu’on lui impose, Antigone ébranle la structure, et la fait tomber sur elle, et sur sa sœur Ismène. La fatalité s’abat sur les dernières ressortissantes de la famille des Labdacides et les fait succomber. Antigone sort pourtant victorieuse de ce combat : morte, sacrifiée, elle est vivante à jamais et « gagne en puissance une place d’élection qui la place au-dessus de tous46Anne Dufourmantelle, 2007, op. cit., p. 23.. » Le destin de sa sœur Ismène est tout autre. Condamnée à la vie par sa sœur, elle meurt avant sa mort, oubliée, inutile. Étrangement, l’histoire familiale des Labdacides se termine avec Antigone. Celle qui refuse la descendance arrête la lignée, et ce, même si Ismène survit. Nous n’avons en effet aucune trace d’Ismène suite à la mort de sa sœur.
Pour nous, ce silence s’inscrit dans une lutte que mène Ismène depuis le début. Contrairement à celles et ceux qui voient en Antigone la figure de résistance du mythe, nous pensons qu’Ismène est celle qui « hurle […] un “non” définitif, un refus sans compromis possible47Ibid., p. 49.. » D’abord craintive du roi, Ismène refuse d’aider Antigone à ensevelir Polynice. Elle s’oppose alors à sœur, mais également à la volonté des dieux. Cependant, Ismène se voit tout de même accusée par Créon d’avoir aidé Antigone à enterrer le corps de Polynice. Plutôt que de démentir un crime qu’elle n’a pas commis, Ismène s’oppose alors à Créon, à l’État, voire à ce qu’elle croyait juste, à elle-même, par solidarité pour sa sœur Antigone. Ismène est prête à mourir, non pas pour des idéologies politiques ou religieuses, mais bien parce qu’elle ne peut concevoir une vie sans famille, sans sa sœur : « Ce qui est fait est aussi mon œuvre, si elle veut bien en convenir. Je m’en reconnais responsable48Sophocle, 1999, op. cit., p. 64.. »
Ne louant qu’un amour sororal, Ismène endosse les agissements d’Antigone sans peine : « la faute est malgré tout égale entre nous deux49Ibid., p. 66.. » En réponse aux moqueries de Créon, Ismène ne peut que répondre que son existence sera « vide50Ibid. » sans sa sœur, que sa vie n’a de sens qu’avec elle. Une fois convaincue de ne pas pouvoir partager la mort avec sa sœur, elle tente de partager sa vie : « Vas-tu donc livrer à la mort la fiancée de ton fils51Ibid. ? » En vain, elle aura tout fait pour sceller son destin à celui de sa sœur bien-aimée. Par ses refus incessants, Ismène est celle qui lutte contre toute forme de domination : rien ne peut lui dicter sa conduite, sinon l’amour qu’elle porte à sa sœur. Ismène, face cachée de la révolte, s’oppose à tout, même à l’existence, pour permettre à sa sœur de vivre. Ismène, dévouée à sa sœur, se sacrifie dans le silence. Par sa muette agonie, Ismène permet à sa sœur d’exister, elle permet que la voix d’Antigone soit entendue. Elle ne se revendique pas de descendance, elle ne se revendique pas de futur. Ismène n’a pas d’identité, elle demeure sans visage, « fille d’Œdipe, sœur d’Antigone52 La définition complète d’Ismène dans la section des noms propres se résume à cette citation, Le Petit Larousse illustré, Paris, Larousse, 2003, p.1429.. »
En résumé, nous voyons en Ismène une femme lucide quant à sa place dans la hiérarchie, une réaliste. Sa solidarité suicidaire prime, au risque de passer pour lâche. Par ce renversement des cadres d’analyse nous avons tenté de pointer une forme de résistance qui est facilement balayée dans une révolution, voire, méprisée. Conscientes de l’importance d’une figure révolutionnaire féministe comme Antigone, nous ne souhaitions pas dévaloriser le courage ni la force de cette héroïne. Nous souhaitions seulement éclairer une femme qui se tenait dans l’ombre de sa sœur, une femme qui a résisté elle aussi, à sa manière. Ceci étant dit, nous croyons que toutes luttes se font de façon collective et que chacune peut y jouer un rôle important. Spécialement dans les luttes féministes où les avancées sont lentes et où les stratégies utilisées pour vaincre le patriarcat sont diverses, nous pensons qu’il est de notre devoir de rester unies les unes aux autres. Nous l’avons vu avec la figure d’Ismène, il n’est pas obligatoire d’être en accord avec les gestes posés pour être solidaires ; l’important est de permettre l’ébranlement des fondations patriarcales. Finalement, nous pensons que c’est dans cette lutte commune, telles des sœurs d’infortune, des Cariatides portant sur nos têtes le poids des siècles de domination masculine, que notre mémoire survivra au-delà de nous.