Reprendre racine
La réappropriation de l’échec et de la négativité dans la critique féministe contemporaine
Si les théories féministes et queer ont longtemps cherché – et continuent toujours – à mettre l’accent sur la célébration de leurs victoires et sur leur militantisme actif, un nombre marginal mais grandissant d’universitaires se tourne, depuis le début du 21e siècle, vers certains aspects plus sombres de l’histoire de ces mouvements et de leurs représentations. Dans le but de souligner les possibilités et les pistes inexplorées de ces récentes recherches sur les émotions ou les expériences négatives, le présent article s’intéresse aux notions d’échec et d’imperfection dans les discours féministes contemporains. L’exemple le plus connu réside sans doute dans l’étiquette de « bad feminist » revendiquée par l’écrivaine, chroniqueuse et professeure Roxane Gay (2014) dans le recueil d’essais du même nom. Cette dernière a contribué à conceptualiser et à faire valoir la reconnaissance d’un positionnement féministe ambivalent, tenant à la fois de la résistance agentive et de la complicité passive face aux rapports de pouvoir. Annoncée par la femme de lettres et militante Martine Delvaux comme « ce que le féminisme peut faire de mieux » (2018, p. 8), la posture de « bad » ou de « mauvaise » féministe, autant personnelle que politique, implique d’assumer les limites et les contradictions inhérentes à l’expérience ou au discours des individu·e·s qui s’en réclament.
Dans les études littéraires, la dénonciation de l’injonction à la perfection et la réappropriation de diverses formes d’« échec » sont d’abord employées par les critiques féministes pour proposer des lectures renouvelées d’œuvres mettant en scène des personnages féminins. S’inscrivant dans une étude plus globale de la représentation fictionnelle de l’oppression sexiste et capitaliste, les critiques recensées ici, en anglais ou en français, sont parues dans les vingt dernières années (à deux exceptions près). La quarantaine d’œuvres qu’elles analysent, quant à elles, datent majoritairement du 20e siècle; leurs créateurs·trices sont issu·e·s des États-Unis, de l’Europe, du Québec, de l’Afrique du Sud et de l’Argentine. Il s’agit surtout de romans, mais aussi de films et de performances artistiques, de pièces de théâtre, de poésie et de récits de vie. Ce tour d’horizon artistico-littéraire sera accompagné de références issues d’une approche multidisciplinaire de la critique féministe et queer, notamment des domaines de la philosophie et de la sociologie. J’aborderai également les limites de l’engouement féministe pour le « bad » en parallèle avec le cadre basé sur le désir conceptualisé par Eve Tuck (2009), professeure de théories critiques de la race et d’études autochtones. J’estime qu’en adaptant cette notion aux études littéraires féministes il est possible de brouiller l’opposition binaire entre les possibilités de résistance des femmes en tant que sujets, d’une part, et les déterminismes entourant leur victimisation, d’autre part, afin d’en dégager une problématisation de l’échec et de la négativité radicale.
Une résistance axée sur l’échec et la négativité
Le rapport à l’échec est ici compris selon la perspective des attentes genrées et néolibérales (Halberstam, 2011), c’est-à-dire qu’il est envisagé à l’opposé des critères conventionnels de succès tels que l’avancement professionnel, la réussite économique, la reproduction hétérosexuelle et la « positivité toxique1Sauf indication contraire, toutes les traductions sont de moi. » (2011, p. 3) ou l’injonction au bonheur2Voir Cabanas et Illouz (2018).. Cette perspective permet d’aborder les possibilités d’agentivité « alternative » offertes aux femmes réelles ou fictives face à un discours hégémonique qui cherche à les invalider, à les contraindre à la conformité. Dans The Queer Art of Failure (2011), le théoricien queer Jack Halberstam met de l’avant un « féminisme de l’ombre » qu’il définit comme « ancré dans la négation, le refus, la passivité, l’absence et le silence, [lequel] offre des espaces et des moyens de méconnaissance, d’échec et d’oubli » (2011, p. 124). La résistance au capitalisme ou au patriarcat peut ainsi être passive et basée sur des émotions négatives plutôt qu’active et positive, c’est-à-dire fondée sur la célébration, l’espoir et l’affirmation. Sous cet angle, la recension des différentes applications de l’« art queer de l’échec » à des œuvres mettant en scène l’agentivité de personnages féminins offre une meilleure compréhension de la représentation fictionnelle des groupes opprimés et de leurs stratégies de résistance3 Notons que les travaux de Halberstam ont déjà été employés dans les études littéraires de langue anglaise (Agusti, 2005; Cunningham, 2014; Berry, 2016, entre autres) ou allemande (Adley, 2013), mais qu’il n’est que brièvement mentionné dans le domaine francophone (Boisclair, 2016; Darsigny-Zicca, 2018)..
Les affects négatifs et la souffrance
Contrairement aux historiographies positivistes, linéaires et axées sur le progrès qui circulent au sein des études féministes et queer (Chinn, 2011-2012; Collectif Clio, 1992), les œuvres abordant l’échec et la négativité compliquent les récits fondateurs et les présupposés pragmatiques de ces mouvements émancipatoires4 Voir Love (2009), Alsop (2012), Adley (2013) et Berry (2016).. L’analyse de ces textes se présente alors comme un engagement éthique visant à légitimer des connaissances et des valeurs, des expériences et des pratiques autrement subordonnées ou laissées de côté, en plus d’évoquer une critique sociopolitique (Halberstam, 2011; Cunningham, 2014; Berry, 2016). En effet, les œuvres qui témoignent de la souffrance causée par l’oppression et l’exclusion sociale refusent de se plier aux « conventions non écrites » des « écrits identitaires qui [s’appuient] sur d’édifiants récits d’émancipation et de rédemption », comme l’explique la professeure d’études littéraires et féministes Ellen E. Berry (2016, p. 67)5 Voir aussi Cunningham (2014), Thompson (2017) et Darsigny-Zicca (2018)..
Son propos rejoint celui de Heather Love, pionnière des études queer de la négativité : en se penchant sur des sentiments comme « la nostalgie, le regret, la honte, le désespoir, le ressentiment, la passivité, la fuite, la haine de soi, le repli, l’amertume, le défaitisme et la solitude », l’autrice cherche à offrir une contre-épistémologie au « virage affirmatif dans les études queer » (2009, p. 4; italique dans l’original). Love insiste sur l’importance de « développer une vision de l’agentivité politique qui englobe les dommages que nous espérons réparer » (2009, p. 151). À son avis, les représentations de la négativité et de l’apathie en littérature ne sont pas uniquement un signe que « le paysage politique va mal, mais aussi qu’il vous fait sentir mal, et qu’il peut vous rendre moins apte à agir, ou à entreprendre des actions qui correspondent à la définition traditionnelle de l’activisme » (2009, p. 159). Dans le même ordre d’idées, la « théorie de la fille triste » de l’artiste visuelle Audrey Wollen souligne la nécessité de redéfinir les notions féministes d’« « empowerment« , […] d’autonomie, de liberté, d’égalité » en dehors des cadres référentiels oppressifs du capitalisme et du patriarcat, afin que « toutes les formes possibles [de protestation] puissent être entendues » (2016).
Ces préoccupations liées à l’expression d’émotions négatives sont particulièrement significatives à une époque où la « croissance personnelle » masque les injustices structurelles en ramenant la souffrance collective à une problématique individuelle, excluant les privilèges qui sous-tendent la réalisation de soi. Remarquant une « affinité profonde entre le néolibéralisme et la psychologie positive », le psychologue Edgar Cabanas et la sociologue Eva Illouz font valoir que la préséance des affects négatifs participe à un rejet du système économique en vigueur en contestant « ladite science du bonheur [qui] élargi[t] le champ de la consommation à notre intériorité » et qui transforme les sentiments positifs en « marchandises comme les autres » (2018, p. 13, 25). Dans ce contexte, la figure de la « féministe rabat-joie » élaborée par la théoricienne Sara Ahmed représente un refus d’adhérer aux « scripts du bonheur » contemporains, c’est-à-dire aux « instructions sur ce que les hommes et les femmes doivent faire pour être heureux·euses » (2010, p. 59). Tandis que ces idéaux de bonheur impliquent « la dissimulation de la souffrance [et] la liberté de détourner le regard de ce qui compromet le bonheur d’une personne » (Ahmed, 2010, p. 196), les féministes rabat-joie, tout comme les œuvres littéraires mettant en scène des protagonistes féminines ancrées dans la négativité, contribuent à troubler le statu quo idéalisé.
Les affects négatifs revendiqués par des féministes incluent non seulement ceux liés à un repli sur soi, comme la tristesse ou la honte décrites précédemment, mais aussi ceux qui s’établissent dans une relation envers autrui tels que la colère, le dégoût et le mépris. Ce dernier intéresse particulièrement la chercheuse en philosophie Macalester Bell (2005), qui prône une réappropriation féministe de la négativité oppositionnelle. Qu’ils soient exprimés comme tels ou intériorisés, ces sentiments démontrent une prise de conscience de l’injustice et expriment l’insatisfaction, la distanciation, bref, la non-acceptation par les femmes de leur infériorisation (Bell, 2005, p. 81). Toujours selon Bell, de telles émotions permettent aux minoritaires de développer une (re)connaissance partagée du « coût de l’oppression » (2005, p. 86) et peuvent devenir des catalyseurs de changement social. Les sentiments négatifs entraînent une mise en échec du bonheur et une mise à distance – physique et/ou mentale – des individus ou des institutions oppressives. À ce titre, ces états traditionnellement dénigrés par association à l’irrationalité féminine, et par opposition à la raison masculine, sont réappropriés comme « outils d’empowerment féminin » (Bell, 2005, p. 90).
La folie
La subversion d’une telle répartition des valeurs symboliques genrées, où le masculin se définit toujours dans un rapport de supériorité au féminin altérisé, est au cœur des méthodes alternatives de résistance. Les autrices féministes investissent les dichotomies homme/femme, culture/nature, sujet/objet, raison/folie6Voir Delvaux (1998). auxquelles Clara Escoda Agustí (2005) et Anne Cunningham (2014) ajoutent la dimension de la racialisation, afin de les retourner contre ceux-là mêmes qui ont imposé ces logiques binaires. Cette démarche s’observe notamment dans les mises en scène de la folie et du délire au féminin, comme l’explique Agustí :
l’identité masculine blanche est désignée comme le contraire inhérent de son « autre » négatif·ive, celui ou celle qui n’existe pas dans ses propres termes, mais seulement dans une relation d’infériorité par rapport à l’homme blanc. […] Partant de ce postulat, les œuvres se sont appliquées à déconstruire le concept de folie en le révélant comme une autre construction sociétale, et un produit du système de pensée binaire de la société (2005, p. 29).
Agustí comme Delvaux expliquent que les paradigmes scientifiques masculins s’appliquent à catégoriser et à exclure comme « folle » toute personne hors normes, à partir d’ « un ensemble de préjugés sociaux qui déterminent quels rôles féminins et masculins sont jugés adéquats, quels comportements physiques et verbaux sont trouvés acceptables, quelle est la marque d’une certaine adaptation sociale » (Delvaux, 1998, p. 14). Il s’agit alors, pour les écrivaines et leurs protagonistes, de transgresser les conventions en poussant leur révolte intérieure ou extérieure jusqu’à l’extrême, dévoilant les mécanismes de répression mis en place pour les contrôler.
La folie devient en outre un moyen de signaler l’exclusion des femmes, en particulier celles racisées, des « canaux discursifs » (Agustí, 2005, p. 32) hégémoniques qui n’offrent pas les mots adéquats pour dire l’expérience de l’altérité. Portant sur l’œuvre de Sylvia Plath et dirigé par Delvaux, le mémoire de maîtrise de Jacinthe Boivin-Moffet (2010) montre justement l’évolution progressive de la révolte et de la folie d’un personnage féminin : la protagoniste commet d’abord des « gestes bénins et légèrement provocateurs » avant de développer une schizophrénie et de tenter de se suicider – un ultime effort pour « exprimer son désespoir » et « s’extraire de la pression sociale » (2010, p. 101, 105). En effet, une fois le diagnostic établi, « les attentes envers les femmes psychiatrisées, qu’on juge fragiles, ne sont plus les mêmes » (2010, p. 105). La dépression ou la folie deviennent alors un moyen d’exprimer son incompatibilité par rapport à la société.
La maladie et le suicide
Ce type de « femmes fragiles » impose de reconsidérer les conceptions habituelles de la santé et de la normalité. Cela s’observe particulièrement lorsque c’est le ressenti ou l’identité même d’une personne que l’on considère comme une pathologie. Les œuvres littéraires permettent de « d’écrire ce que c’est que de porter une identité « disqualifiée », ce qui parfois veut simplement dire de vivre avec une blessure – et non pas la réparer », tel que l’affirme Love (2009, p. 4). À ce sujet, Ahmed note que « la possibilité d’une alternative est non seulement scandaleuse, mais blessante : elle blesse en menaçant de faire disparaître la douleur, ou elle banalise la douleur comme un sentiment qui pourrait simplement « disparaître » » (2010, p. 172). C’est ainsi que la résistance peut prendre la forme du rejet de la guérison et la maladie, devenir un moyen d’échapper à une situation restrictive, jusque dans la mort s’il le faut.
Plusieurs critiques littéraires démontrent ce lien entre la maladie ou le suicide et une certaine forme de résistance. Par exemple, Adley rejette d’entrée de jeu l’interprétation selon laquelle les femmes suicidées subissent leur mort plutôt qu’elles la choisissent, affirmant que « [l]a dissolution de soi n’a pas à toujours être purement passive. Le suicide […] est, en fin de compte, un choix. C’est de cette façon que mourir devient un refus » (2013, p. 30-31). Son propos rejoint celui des analyses de la folie susmentionnées, dans le sens où le refus absolu de se soumettre, d’être exploitées et reléguées à un statut inférieur conduit les protagonistes féminines à sacrifier leur santé et leur vie en échange de leur libération de toutes contraintes. Se donner la mort devient le dernier contrôle du corps possible, comme le souligne Bodia Bavuidi dans sa thèse de doctorat sur les écritures de la diaspora noire francophone (2014, p. 96). Dans une moindre mesure, le développement ou l’acceptation d’une maladie physiologique, les comportements comme l’automutilation et le masochisme, ou encore l’anorexie signalent également une tentative de se réapproprier un corps, une subjectivité qui a été déniée7 Voir Delvaux (1998), Halberstam (2011) et Hedva (2015, citée par Darsigny-Zicca, 2018).. Bien qu’« [é]videmment, aucun de ces comportements […] ne connote immédiatement un acte « féministe » » (Halberstam, 2011, p. 139), ceux-ci parviennent tout de même à « faire du féminisme un commentaire en continu sur la fragmentation […] et le sacrifice » (Halberstam, 2011, p. 139) et à déconstruire les présupposés concernant la manifestation de résistances féministes, aussi paradoxales puissent-elles paraître.
Le silence
Le silence est une autre méthode contre-intuitive de contestation : la revendication de leur agentivité par les femmes fictives s’actualise souvent par un rejet du langage – inévitablement celui des dominants – et un mutisme volontaire. Selon les articles recensés, cela permet aux protagonistes de « créer un fossé entre elles et le reste du monde » (Adley, 2013, p. 1), en symbolisant une certaine « protection contre l’intrusion masculine et […] le maintien de l’intégrité féminine » (Agustí, 2005, p. 32). Certaines protagonistes choisissent par ailleurs de rompre leur silence, en tout ou en partie, dans certaines situations; ainsi, l’enjeu n’est pas qu’elles « ne peuvent pas raconter leur histoire, mais qu’elles ne le veulent pas; ou mieux, ne veulent pas avoir à le faire », explique la professeure d’études littéraires et médiatiques Elizabeth Alsop (2012, p. 92; italique dans l’original). Le sacrifice de la voix peut exprimer une frustration quant à la pression des femmes de toujours devoir se justifier, ou encore aux malentendus découlant de la mésinterprétation de la parole minoritaire dans le discours influencé par les dominants : les protagonistes ne voient pas l’utilité de parler si ce qu’elles disent risque d’être incompris de toute façon (Alsop, 2012, p. 93). Selon Alsop, ces considérations impliquent un changement de paradigme interprétatif lorsqu’il est question de personnages sans voix de même qu’« une prise de conscience des registres expressifs du silence » (2012, p. 94) comme critique du langage et des structures oppressives que celui-ci représente.
L’anti-féminité/féminisme hégémonique
Une autre tendance majeure parmi les écrits sur la résistance alternative des personnages féminins dans la littérature réside dans l’insoumission à tout ce qui est traditionnellement présenté comme convenu et convenable pour le « deuxième sexe ». Cela inclut autant les bonnes mœurs8 Pensons, par exemple, à la courtoisie, à l’innocence, au « tabou de la sexualité » ainsi qu’à la fréquentation d’« endroits qui pourraient être jugés comme dangereux pour [la] pureté [des femmes] » (Boivin-Moffet, 2010, p. 101-102). et les codes de beauté du patriarcat (Delvaux, 1998; Boivin-Moffet, 2010) que le refus de la maternité comme aboutissement du destin féminin (Boivin-Moffet, 2010; Halberstam, 2011; Adley, 2013). Au sujet des codes de beauté, Delvaux explique d’ailleurs que
[s]i la femme est ontologiquement déviante à l’intérieur d’un cadre normatif imposé par une loi masculine, les critères esthétiques sont le véhicule de son insertion sociale […]. Et le rejet des stéréotypes par la femme constitue, du moins symboliquement, un refus du « marché des femmes », de l’échange des femmes entre hommes (1998, p. 97).
Cette stratégie s’inscrit dans l’esprit du féminisme de l’ombre revendiqué par Halberstam, résultant « non pas d’un être ou d’un devenir femme, mais d’un refus d’être ou de devenir femme telle que celle-ci a été définie et imaginée dans la philosophie occidentale » (2011, p. 124). Cela implique de surcroît un autre type de refus, moins facilement reconnu ou accepté par les courants féministes dominants : le refus d’un féminisme compris en termes de « faire » (doing) plutôt que de « défaire » (undoing), en termes d’intégration – voire d’assimilation – à la société ou toutes autres « formes acceptables de féminisme qui sont orientées vers la positivité, la réforme et l’accommodement » (Halberstam, 2011, p. 4). Ces éléments-clés de la pensée de Halberstam sont repris presque tels quels par des critiques comme Adley (2013), Berry (2016), Cunningham (2014) et Darsigny-Zicca (2018); les trois premières prennent toutefois leurs distances en soulignant la « forme embryonnaire » (Adley, 2013, p. 19) de ces théories ou en insistant sur la littérarité de leurs propres corpus. Il y a lieu de se demander si cette distanciation ne découlerait pas d’un certain élitisme universitaire face à la théorie populaire revendiquée par Halberstam, qui désire rejoindre à la fois le grand public et la communauté savante. Comme quoi même les partisan·e·s d’une transformation radicale de la société ne sont pas à l’abri de reproduire les hiérarchies de l’institution académique.
Par ailleurs, la promotion du féminisme de l’ombre et de son non-activisme n’est pas sans ambivalence, voire contradiction chez une chercheuse féministe comme Marie-Christine Darsigny-Zicca (2018), pour qui le concept constitue davantage une intention qu’une pratique. Malgré son insistance sur les « méthodes alternatives de combativité » (2018, p. 75) axées sur la passivité et la négation, celle-ci se retrouve tout de même à prôner le militantisme actif chez les protagonistes qu’elle étudie : « Les femmes ingouvernables […] veulent faire du bruit, contester les mécanismes de pouvoir en place, critiquer les oppresseurs. […] Actrices, pas seulement spectatrices : les feminist killjoys [féministes rabat-joie] refusent la passivité » (2018, p. 80; italique dans l’original). Quoi qu’il en soit, son propos n’est pas entièrement incompatible avec celui de Halberstam dans la mesure où les contestations bruyantes des femmes ingouvernables peuvent tout de même participer du mouvement de négation ou de refus proposé par le féminisme de l’ombre.
La contre-productivité
Au cœur de la pensée de Halberstam se trouve donc la reconnaissance de l’inaction, de la non-participation et de la contre-productivité – toutes des formes d’échec selon les discours hégémoniques – comme des « pratique[s] consistant à bloquer les activités de la classe dominante » (2011, p. 122). Ces dernières évoquent alors une critique non pas de l’hétéropatriarcat9 « Le terme « hétéropatriarcat » désigne le système de parenté et de filiation régissant […] l’ensemble des sociétés occidentales, lequel repose sur l’imbrication de l’hétérosexualité et du patriarcat. » (Collectif Irrécupérables, s.d.). en soi, mais plutôt du système capitaliste avec lequel il entretient conjointement l’oppression des femmes10 Voir Delphy (1998).. Les protagonistes féminines à l’étude sont conscientes que la société les exploite et c’est pourquoi elles refusent d’y prendre part. La lenteur, l’incompétence, la stagnation, etc. sont présentées comme des échappatoires face à la pression de performance, au développement personnel ou à la domesticité. Selon Cunningham, le fait de ne rien faire devient pour les personnages « une forme hautement efficace de résistance aux projets capitalistes, démontrant une puissance des faibles, une antithèse à la « culture du professionnalisme » toujours présente en Amérique » (2014, p. 132) et en Occident11 Il convient de souligner l’ambiguïté (et la discutabilité) du terme, étudiée par le professeur de philosophie et de droit Kwame Anthony Appiah (2016) dans un essai paru dans The Guardian : « Souvent, ces dernières années, « l’Occident » signifie le nord de l’Atlantique : l’Europe et ses anciennes colonies en Amérique du Nord. L’opposé est alors un monde non occidental en Afrique, en Asie et en Amérique latine – désormais appelé « le Sud global » – bien que de nombreuses personnes en Amérique latine revendiquent un héritage occidental, elles aussi. Cette façon de parler […] regroupe un grand nombre de sociétés extrêmement différentes, tout en découpant délicatement autour des Australien·ne·s, des Néo-Zélandais·es et des Sud-Africain·e·s blanc·he·s, de sorte que le mot « occidental » peut ici ressembler à un simple euphémisme pour dire « blanc ». » de manière générale. Leur échec n’est dès lors pas présenté comme une défaite individuelle, puisque la description des conditions de vie des protagonistes opprimées permet au contraire de contextualiser la défaillance en tant que problème systémique (Cunningham, 2014, p. 132). Ces récits s’opposent à la pensée néolibérale individualiste qui constitue selon Cabanas et Illouz un instrument de domination insidieux : elle évacue du discours public la prise de conscience collective de situations tragiques, alors que celle-ci forme la base même de tout mouvement d’émancipation (2018, p. 32).
Les limites de l’échec féministe
Aussi utile et pertinente que puisse être la notion de « passivité radicale » (Halberstam 2011, p. 123) pour analyser des œuvres littéraires autant que des pratiques sociales, une certaine prudence demeure nécessaire quant à son application. Pour commencer, Marie-Christine Darsigny-Zicca met en garde contre le risque de fétichiser ou d’entretenir la souffrance d’autrui en cherchant à l’expliquer et à la valider (2018, p. 92). En effet, la porno-misère ou les récits que l’on pourrait qualifier de « centrés sur les dommages » (Tuck, 2009) soulèvent des questions éthiques sur ce qui peut être raconté ou non, ou plutôt, ce qui peut être reçu par les lecteurs·trices sans déclencher des réactions néfastes. Darsigny-Zicca conclut toutefois que, « dans l’optique d’une littérature qui se veut un exercice de vulnérabilité et de communauté, nous devons peut-être ignorer la réception des écrits intimes » (2018, p. 92). En effet, ce genre d’écriture représente souvent un moyen de survie pour les autrices (2018, p. 92).
Par ailleurs, Elizabeth Alsop (2012) et Anne Cunningham (2014) insistent toutes deux sur l’importance de ne pas simplement inverser les dichotomies échec/succès, silence/parole, passivité/action en considérant exclusivement les premières comme des preuves d’empowerment et les secondes comme des signes de défaite. Il s’agit plutôt de reconnaître la validité de l’échec et de l’ambivalence comme une stratégie parmi tant d’autres, une « subjectivité alternative aux notions de féminité blanche [etc.] » (Cunningham, 2014, p. 133) permettant « une nouvelle compréhension de ce qui pourrait autrement être considéré comme de simples exemples de défaite » (Alsop, 2012, p. 102) ou de victimisation face à l’oppression.
Dans un autre ordre d’idées, Melanie Jessica Adley (2013) et James Brunton (2018) notent que l’expression de la négativité ou la mise en œuvre d’échecs volontaires requièrent un minimum de privilèges, puisque certains groupes de personn(ag)es ne peuvent tout simplement pas se permettre de nier leurs responsabilités. Ce type de résistance implique donc « un cadre sociétal, culturel et familial qui rendrait possibles les circonstances dans lesquelles […] ses répercussions [pourraient être] soutenues » (Adley, 2013, p. 26). C’est ce qui pousse Brunton, artiste et professeur d’études médiatiques et LGBT, à se demander « Pour qui l’échec est-il une option? » (2018, p. 62) et à soulever des enjeux liés aux oppressions basées sur le sexe, la classe sociale, l’orientation sexuelle, la racialisation, les capacités physiques et mentales, etc. Dans tous les cas, l’auteur argumente que les récits négatifs devraient se concentrer sur les échecs des institutions et des politiques, plutôt que de magnifier la « beauté tragique » de la défaite individuelle (2018, p. 69). Dans cette perspective, les écrivain·e·s devraient représenter l’échec « dans toute son abjection » pour dévoiler le monde tel qu’il est et montrer l’étendue du « travail qu’il reste à accomplir » (Brunton, 2018, p. 69). Le propos de Brunton fait écho au concept de représentation de la souffrance comme témoignage de différentes situations d’oppression tel qu’il en a été question dans les premières sections. Il rejoint également le souci éthique et l’engagement envers un nouveau projet social que la chercheuse en études théâtrales Noelia Diaz observe chez les auteurs·trices postmodernes. Ces derniers·ières « [réfléchissent] aux conditions pouvant conduire aux sombres scénarios décrits » afin d’offrir « non pas des solutions mais plutôt des ouvertures permettant de repenser les échecs de leurs États-nations respectifs : l’incapacité à assurer les droits fondamentaux de la personne » (2017, p. 44).
En outre, plusieurs universitaires font remarquer qu’en dépit des efforts passifs – et du paradoxe que cela implique – mis en œuvre par les protagonistes pour s’opposer de manière non conventionnelle à leur situation d’oppression, de tels gestes courent toujours le risque de passer inaperçus, et ce, autant auprès des autres personnages du récit que de la critique littéraire (Love, 2009; Boivin-Moffet, 2010; Cunningham, 2014). Cela est justement dû au fait que ces méthodes « de l’ombre » sont contre-intuitives, voire contre-indiquées en fonction des paradigmes interprétatifs dominants, qui misent plutôt sur l’action utile, l’affirmation de soi ou l’idée de progrès. Toujours sur le plan de la réception, Darsigny-Zicca signale la « double contrainte » à laquelle fait face toute personne queer lorsqu’il est question d’adopter une attitude, une posture négative ou positive : « si elle n’est pas heureuse, elle entretient le cliché que la non-conformité entraîne la souffrance, alors que si elle est heureuse, elle occulte les difficultés d’une vie vécue dans la non-conformité » (2018, p. 81). Cela s’applique aussi aux personnes qui subissent d’autres formes de marginalisation.
Une analyse basée sur le désir
En réponse à cette impasse, l’article « Suspending Damage: A Letter to Communities » (2009) d’Eve Tuck propose une conceptualisation du désir en tant que
tierce catégorie dans la dichotomie entre la reproduction et la résistance [face aux rapports de pouvoir]. C’est à la fois ni l’un ni l’autre, et les deux. C’est important parce que ça correspond de plus près aux expériences des gens qui, à différents moments dans une même journée, reproduisent, résistent, sont complices, se fâchent, […] s’abstiennent et prennent part à des structures sociales inégales – c’est-à-dire, tout le monde (2009, p. 419-420).
La recherche basée sur le désir témoigne alors d’une volonté de « dépathologiser » les expériences des personnes en situation de moindre pouvoir afin qu’elles « soient perçues comme bien plus que des êtres brisés et conquis » (2009, p. 416). Un tel cadre d’analyse réplique à celui axé sur les dommages, qui constitue selon Tuck « une tendance persistante de la recherche » dont le danger réside dans son approche réductrice « où l’oppression définit à elle seule une communauté » (2009, p. 409, 413). Malgré l’importance de dénoncer les rapports de domination et leurs répercussions négatives sur les personnes concernées, l’autrice met en garde contre la vision stéréotypée que cela peut véhiculer. Notons toutefois que dans une publication co-écrite avec K. Wayne Yang (2014), Tuck insiste que refuser la primauté des dommages ne doit pas être synonyme d’aveuglement et que « [l]a recherche centrée sur le désir ne nie pas l’expérience de drames, de traumatismes et de douleurs » (2014, p. 231), mais vise plutôt à reconnaître le savoir et la résilience qui en découlent.
Selon Tuck, « [l]e désir, puisqu’il est un assemblage d’expériences, d’idées et d’idéologies à la fois subversives et dominantes, complique nécessairement notre compréhension de l’agentivité, de la complicité et de la résistance humaines » (2009, p. 420). Si ce paradigme de recherche est principalement issu de la sociologie, il faut savoir que Tuck s’est inspirée d’une variété de travaux pour élaborer sa théorisation du désir, incluant des œuvres littéraires comme le roman Beloved de Toni Morrison (1987) et le récit semi-autobiographique Borderlands/La frontera de Gloria Anzaldúa (1987). Cela dit, peu de chercheurs·euses ont repris son concept dans le champ de la littérature. C’est néanmoins le cas d’Erin Soros dans un bref passage de son article « Writing Madness in Indigenous Literature », où elle partage les questions qui guident son approche : « Quelle agentivité existe au sein de la communauté? Qu’est-ce que ses membres souhaitent vivre, ressentir, créer? Comment ces personnes se déplacent-elles, construisent-elles, partagent-elles malgré ou spécifiquement à travers les traumatismes – en tant que sujets interdépendants et désirants? » (2018, p. 76; je souligne). Ce dernier aspect correspond à un élément-clé du cadre basé sur le désir qui, comme mentionné plus haut, refuse le déni.
Ce cadre théorique peut s’appliquer à tout récit mettant en scène la pluralité et l’ambivalence des expériences de vie de protagonistes féminines sans édulcorer les oppressions subies ni se réduire à un portrait exclusivement axé sur celles-ci, pour paraphraser Tuck. Au contraire, il s’agit plutôt d’étudier des représentations « basées sur le désir », c’est-à-dire qui « se soucient de comprendre la complexité, la contradiction et l’autodétermination des vies vécues […] en documentant non seulement les éléments douloureux des réalités sociales, mais également la sagesse et l’espoir » (2009, p. 416). Les protagonistes de ces récits se retrouvent en simultané ou en alternance à la fois victimes et complices, témoins et résistantes face à l’oppression. Cela permet de faire ressortir ce que la sociologue Avery Gordon appelle l’« identité individuelle complexe », qui signifie que « même ceux et celles qui vivent dans les circonstances les plus extrêmes possèdent une humanité et une subjectivité complexes, souvent contradictoires, lesquelles ne sont jamais adéquatement observées en percevant ces personnes comme des victimes ou, à l’inverse, des agents super-humains » (1997/2008, p. 4). Cette notion implique, d’un point de vue littéraire, de faire place à des personnages réalistes et diversifiés ainsi que le propose Roxane Gay dans Bad Feminist : « Nous [les personnes marginalisées] voulons croire, à raison, que nos vies méritent d’être neuves, importantes, et émouvantes. Nous voulons des descriptions plus complètes et nuancées de nos vies, passées, présentes et rêvées » (2014/2018, p. 89).
Illustrant l’idée d’une personnalité, d’une humanité complexe, il arrive que des protagonistes analysées sous le prisme du désir affirment leur subjectivité et leur agentivité par le biais de situations qui leur nuisent directement. Des formes plus passives ou paradoxales de résistance et de résilience sont mises en scène, allant jusqu’au refus complet et total de toute action ou prise de parole, comme il en a été question dans les sections précédentes. Leur apparente passivité peut néanmoins avoir un impact aussi fort que bien des actions, tout comme leur silence peut s’avérer aussi parlant que bien des mots, lorsqu’il s’agit d’exprimer ce qu’elles ressentent. Effectivement, comme le font valoir Tuck et Yang (2014), « [l]e refus n’est pas un simple « non », mais une réorientation vers des idées autrement inavouées ou incontestées » (2014, p. 239) permettant alors de « [faire] place à d’autres mots en R : à la résistance, à la réclamation, à la récupération, à la réciprocité, au rapatriement, à la régénération » (2014, p. 239, 244). Dans le cadre d’une critique féministe ancrée dans la réappropriation de l’échec et de la négativité, les travaux de Tuck offrent un cadre conceptuel qui souligne et nuance les formes de combativité alternatives employées pour encaisser les difficultés, notamment celles liées au genre. L’analyse basée sur le désir, lorsqu’appliquée à la construction des personnages féminins dans une œuvre littéraire, met ainsi en lumière l’idée que la distinction entre l’agentivité et la passivité, la résistance et la complicité n’est pas aussi nette ou oppositionnelle que l’on pourrait le croire.
Retour et projections
Les écrits recensés montrent à quel point les études littéraires et féministes/queer peuvent s’enrichir mutuellement en offrant de nouveaux angles d’approche de leurs objets de recherche respectifs. Un nombre grandissant d’auteurs·trices choisissent de se pencher sur des formes alternatives de résistance marquées par l’échec, la négativité et la passivité radicale; leurs critiques tendent à valider le potentiel politique de ces stratégies contre-hégémoniques et sous-estimées. Malgré les risques associés à l’idéalisation, à la mésinterprétation ou à l’essentialisation de l’échec, sa réappropriation permet d’articuler une problématisation des possibilités de résistance individuelle pour tenir compte du caractère systémique des structures d’oppression patriarcales et capitalistes, entre autres. En effet, sans dénigrer la capacité d’agir des personnes marginalisées, la notion d’agentivité et les préceptes positivistes de l’ordre du « quand on veut on peut! » demandent à être nuancés.
Dans cette optique, le cadre d’analyse basé sur le désir proposé par Eve Tuck (2009) participe à un changement de paradigme qui problématise la dichotomie entre victimisation et résistance. Une critique féministe « désirante » et les récits qu’elle étudie illustrent la complexité souvent contradictoire des vies marginalisées, par le biais de représentations ambivalentes de l’agentivité. Une telle lecture inspirée de la sociologie permet d’approfondir les démarches d’autrices contemporaines mettant en scène une pluralité de personnages féminins « parfaitement imparfaits », sans dommages ni déni, participant à une certaine légitimation de l’échec et de la négativité comme modes de résistance. De même, le féminisme de l’ombre proposé par Jack Halberstam (2011) et l’étiquette de « bad feminist » revendiquée par Roxane Gay (2014) font partie de ces discours féministes pouvant être considérés « imparfaits » ou « transgressifs », lesquels se caractérisent par la revendication de leur faillibilité et l’expression de leurs conflits internes (Renegar et Sowards, 2009; 2018). Il s’agit d’une approche de plus en plus répandue au sein de la troisième, voire de la quatrième vague féministe. Il y a fort à parier que davantage de recherches suivront à ce sujet et sur les questions soulevées, autant sur le plan théorique que pratique et militant. Après tout, la reconnaissance de notre propre « mauvais féminisme » ne peut qu’inviter à une plus grande autoréflexivité critique, le meilleur moyen d’éviter que les luttes futures ne répètent les erreurs du passé.
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