Espaces, corps et genres
L’écriture des femmes dans la littérature de science-fiction au Québec : Le Silence de la Cité d’Élisabeth Vonarburg
C’est à nous, féministes d’aujourd’hui, que les femmes de demain seront en droit de demander des comptes, si nous laissons une deuxième fois en cent ans le féminisme s’enliser dans les sables, si, ayant nous-même profité – et pâti – de l’histoire et de son mouvement, nous ne faisons pas tout ce qui est en notre pouvoir pour qu’elles n’aient pas, en 2030 ou en 3017, à repartir de nouveau à zéro.
Christine Delphy, Questions Féministes, 1980
En octobre 2019, le Business Insider titrait que Abhijit Barnerjee, un professeur indien-américain du Massachusetts Institute of Technology, et sa femme Esther Duflo étaient récipiendaires du prix Nobel d’économie1 Nous soulignons et nous traduisons. Le Business Insider India titrait : “Indian-American MIT Prof Abhijit Banerjee and wife Esther Duflo win Nobel prize in Economics”.. Il n’a pas fallu beaucoup de temps avant que l’indignation ne soulève les réseaux sociaux : en effet, cet intitulé révélait encore une fois l’asymétrie professionnelle entre les genres. Toutefois, il reste que le vieux réflexe persiste – celui de ne pas nommer les femmes innovantes ou d’assimiler leurs compétences à celles de leur conjoint. Cet article part d’une intention, celle de rendre visible l’écriture des femmes dans l’histoire de la culture et plus précisément en ce qui concerne la science-fiction, « un genre littéraire non traditionnel pour les femmes » (Lise Lachance, 1998, p. 10). Pour le dire avec les mots de Louky Bersianik : « on ne peut pas refaire l’histoire, mais on ne peut s’empêcher de se demander où en serait le monde s’il avait été fait aussi par les femmes » (1994, p. 467). Selon moi, s’il est une figure importante pour l’écriture des femmes et des littératures de l’imaginaire au Québec, c’est Élisabeth Vonarburg (bien qu’elle ne soit pas la seule). Aussi, je m’intéresserai à son premier roman, Le Silence de la Cité, paru aux éditions Denoël en 1981. J’entreprendrai de démontrer que cette publication est un événement littéraire marquant puisqu’il fait écho au discours social de son époque tout en érigeant son autrice comme modèle dans une lignée où les femmes ont souvent été invisibilisées, la littérature de science-fiction.
Selon la professeure Christine Planté, « étudier la place des femmes dans l’histoire demande (au moins) deux types d’interrogation : le premier porte sur le rôle qu’elles ont joué dans la production et l’institution littéraires dans une période donnée, le deuxième concerne l’importance que leur accordent, après coup, les études et les récits de cette même période » (2003, p. 660). Suivant cette piste, je me pencherai d’abord sur l’histoire collective de Vonarburg : celle des femmes en science-fiction. Je relèverai au passage que les références intertextuelles qui permettent d’inscrire l’autrice dans ce corpus sont également représentatives des grands enjeux des années 1980. Dans un deuxième temps, je retracerai sa trajectoire individuelle en inscrivant son roman au cœur des discours de l’époque au Québec, tant du côté des préoccupations féministes que dans le champ de la littérature de science-fiction. Cette lecture se fera par le biais des sources issues de la culture populaire (les journaux et les magazines féminins) et de la documentation issue des études plus spécialisées (les revues sur le féminisme et la paralittérature).
La SF, une filiation au féminin
Selon l’historienne Arlette Farge, l’événement « crée des relations et des interactions, des confrontations ou des phénomènes de consentement, il crée du langage, des discours » (2002, s.p.). En conséquence ma lecture du Silence de la Cité s’amorcera sur l’observation des références intertextuelles qui permettent d’inscrire Vonarburg dans une histoire littéraire amorcée avant elle, celle des femmes en science-fiction. Toutefois, il sera aussi possible de voir en quoi elle se démarque, puisque l’utilisation de ces intertextes permet de discuter de l’actualité internationale des années 1980.
L’histoire du Silence de la Cité se développe en quatre parties. La première se déroule dans la Cité où grandit la narratrice, Élisa, le sujet d’une expérience génétique, douée de capacités de régénérescence et de métamorphoses. Le second volet débute alors que la jeune fille entreprend d’explorer un monde à l’apparence post-apocalyptique dans lequel la société est organisée selon une structure féodale où les femmes sont dévalorisées. Dans un troisième temps, l’héroïne élève seule deux générations de bébés éprouvettes qui comme elle, peuvent passer de mâle à femelle. Finalement, le dernier quart du roman donne lieu à une guerre civile armée des femmes, qui se solde par plusieurs pertes humaines.
Pour Richard Saint-Gelais, professeur au département de littérature de l’Université Laval et expert en littératures de l’imaginaire, la « filiation [de la science-fiction] avec des œuvres traitant de l’utopie (More), de voyages imaginaires (Cyrano, Swift) ainsi qu’avec le roman gothique (Shelley) est attestée » (2003, p. 703). D’ailleurs, certains passages du Silence de la Cité illustrent une parenté avec le Frankenstein de Mary W. Shelley, la « fille de William Godwin, l’un des premiers philosophes anarchistes, et de Mary Wollstonecraft, l’une des premières féministes » (Manon Dumais, 2018, s.p.).
D’abord, le personnage d’Élisa a grandi sous la tutelle de Paul, un personnage calqué sur l’archétype du savant fou2 À propos de la figure du savant fou, la chercheure Élaine Després rapporte que « c’est son excès et sa déviance par rapport à une norme dans sa façon de faire la science qui pose problème, sa transgression d’une frontière généralement considérée comme taboue » (2012, p. 3). Puisque l’ambition scientifique de Paul le pousse à commettre des féminicides, je le classe dans cette catégorie. dont Frankenstein agit à titre de référence lorsqu’il est question de science-fiction (Élaine Després, 2012, p. 3). À l’origine, le projet de Victor Frankenstein est de créer « une espèce nouvelle » afin de « déverser sur notre monde enténébré un torrent de lumière » (Mary W. Shelley, 1978, p. 114-115). Toutefois, une fois sa créature hybride3 En relevant que « la salle de dissection et l’abattoir [lui] procuraient une grande partie de [ses] matériaux » (Shelley, 1978, p. 115), il peut être déduit que la créature est constituée d’organes de provenance humaine et animale. (Shelley, 1978, p. 115) animée de vie, il entreprend rapidement de « mettre fin à l’existence de la monstrueuse image [qu’il avait], involontairement, dotée d’une âme plus monstrueuse encore que son hideux physique » (Shelley, 1978, p. 276).
Similairement, Paul veut créer « une nouvelle race, capable de survivre dans un monde transformé » (Élisabeth Vonarburg, 1998, p. 21). Cela dit, le scientifique ne soupèse pas longtemps l’idée d’interrompre une gestation dont le développement est considéré anormal : « j’ai éliminé les embryons, Élisa, dès que j’ai compris ce qui se passait. » (Vonarburg, 1998, p. 53) Les deux exemples démontrent que le sort des sujets de l’expérience scientifique se justifie, non pas selon les règles d’une réflexion éthique, mais sur la base de l’exclusion d’une altérité supposément monstrueuse ou malade. D’une part, Frankenstein condamne sa créature pour son apparence, qui brouille les traits de l’homme et de l’animal. De l’autre, Paul élimine des embryons en suivant les indices d’une tare génétique. Dans l’univers du Silence de la Cité, il est courant « d’éliminer l’excédent de filles » (Vonarburg, 1998, p. 4), puisqu’elles naissent en surnombre, suite à l’apparition d’un polygène qui « fausse la distribution aléatoire des sexes [et] fait produire plus de femelles que de mâles » (Vonarburg, 1998, p. 67).
La situation décrite dans le roman n’est pas sans rappeler la politique des naissances uniques ayant cours en Chine, entre 1979 et 2015. Isabelle Attané rapporte que « la baisse de la fécondité et la diffusion des échographies prénatales à partir de la fin des années 1980 se sont traduites par un développement massif des avortements sélectifs, destinés à empêcher les naissances de filles dans un contexte socioculturel de préférence pour les fils » (2016, p. 2). Le Silence de la Cité pousse cette idée à son extrême. Le personnage de Paul justifie ses meurtres en invoquant le fait qu’à l’Extérieur, il y a « trop de femmes. Ils n’en suppriment pas assez à la naissance » (Vonarburg, 1998, p. 128). Il nie l’humanité de ces femmes potentiellement subversives en les comparant à de « la mauvaise herbe » (Vonarburg, 1998, p. 128). Cette indifférence mène Élisa à se demander « [s’]il haït les femmes ? Et [s’]il les tue sous prétexte de résoudre le problème de surpopulation féminine ? » (Vonarburg, 1998, pp. 128-129). La réflexion illustre l’illogisme de l’argumentaire du scientifique, qui fonde sa perception négative de l’autre – ici le sujet féminin – sur un système de valeur androcentriste où les féminicides sont légitimés puisqu’une norme arbitraire voudrait que les hommes représentent la majorité de la population. Ultimement, la référence intertextuelle à Frankenstein dans Le Silence de la Cité sert de mise en garde contre les dérives qui peuvent découler des politiques strictes de contrôle démographique ayant cours au moment de sa publication, au début des années 1980.
Plusieurs études évoquent le fait que Victor Frankenstein et sa créature sont souvent confondues4 Harold Bloom le souligne en postface du roman de Shelley : « “Frankenstein”, to most of us, is the name of a monster rather than of a monster’s creator, for the common reader and the common viewer have worked together, in their apparent confusion, to create a myth soundly based on a central duality in Mrs. Shelley’s novel », (2013 [1965, 1963], p. 243). (Harold Bloom in Shelley, 1963/2013, p. 243). Manon Dumais s’interroge à ce propos : « De fait, combien confondent les personnages du jeune docteur Frankenstein et de sa créature? » (Dumais, 2018, s.p.). Chez Vonarburg, il n’y a aucun doute : Élisa est à la fois sujet de l’expérience et chercheure. L’héroïne reprend à son compte le projet initial de Paul, en essayant de repeupler la Terre par le biais de bébés éprouvettes. Elle les conçoit à partir de son propre matériel génétique, mais leur gestation se fait « à l’extérieur de [son] corps, dans une sorte de … ventre-boîte » (Vonarburg, 1998, p. 193). Selon elle, « la quantité d’enfants qu’on peut faire avec quelques centimètres de cubes de sperme, en milieu contrôlé, est étonnante » (Vonarburg, 1998, p. 194). L’efficacité de cette procréation assistée entre en décalage avec la réalité des lecteur·trice·s et rappelle que le rôle de mère demande un investissement physique et psychologique important. À l’évidence, combien de femmes pourraient, par les voies naturelles, avoir enfanté et mis au monde quarante-huit enfants (Vonarburg, 1998, p. 162) à trente-six ans (Vonarburg, 1998, p. 171), alors qu’à cet âge, la fertilité va en décroissant? D’autant plus que les mères ne peuvent pas toujours s’épanouir professionnellement comme elles le voudraient.
De son côté, Élisa peut poursuivre ses recherches puisqu’elle peut compter sur l’aide des ommachs5 Les ommachs sont des simulacres d’humains programmés par ordinateur et qui agissent principalement à titre de domestiques. Élisabeth Vonarburg, Le Silence de la Cité, Op. cit, p. 150. (Vonarburg, 1998, p. 150). Nous voyons que pour Vonarburg, « la SF permet d’aborder les problèmes des femmes d’un point de vue créatif » (Vonarburg, 1994, p. 453). De plus, le roman fait ressortir les avancées scientifiques de son époque, puisque le premier bébé éprouvette, Louise Brown, voit le jour en 1978. Cela dit, les modifications corporelles et les extrapolations scientifiques autorisées par le genre science-fictionnel permettent à Vonarburg de pousser plus loin l’idée d’une société idéale, où les femmes ne seraient plus limitées par leurs capacités reproductrices ou leur appareil biologique. La fusion, en un seul personnage, de la créature et de la chercheure, permet de faire valoir l’idée d’une réappropriation du corps féminin en tant qu’objet d’étude des femmes.
Dans son ouvrage Les 42210 univers de la science-fiction, Guy Bouchard, professeur à la faculté de philosophie de l’Université Laval, décline l’utopie par catégories. Il identifie d’abord l’eutopie6 Guy Bouchard propose « une innovation terminologique qui permet de restreindre la portée du mot « utopie » et de dissoudre son ambiguïté : l’utopie, c’est la pensée hétéropolitique qui s’exprime sur le mode de la fiction; elle s’incarne en eutopie lorsqu’elle présente une société meilleure que la société de référence, comme l’Utopie de Thomas More ou Herland de Charlotte Perkins Gilman; et en dystopie s’il s’agit d’une société pire que la société de référence, comme 1984 d’Orwell et L’Euguélionne de Louky Bersianik » (1994, p. 485). (comprise par certains utopistes comme une « cité idéale »). Il avance que « parmi les utopies masculines les plus connues à leur époque, et pour la plupart encore aujourd’hui, plusieurs se sont préoccupées sérieusement d’améliorer le sort des femmes, par exemple celles de More, Campanella, Cabet, Bulwer Lytton, Bellamy, Morris, Wells et Callenbach » (Guy Bouchard, 1994, p. 485). Vonarburg confirme cette alliance dans un essai qu’elle signe pour le compte de la revue Philosophiques, où elle relève que « la SF a pour ancêtre l’utopie, et imagine donc des modèles de société autres, tout comme le féminisme est obligé de le faire » (1994, p. 453).
D’ailleurs, les romans de science-fiction écrits par des femmes entre 1981 et 1985 semblent former un genre à part entière puisqu’on en parle comme de la « science-fiction féministe » (Aurélien Boivin et al, 2003, p. 831) À titre d’exemple, il est rapporté dans le Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec que les autrices des années 1980 se sont efforcées de poursuivre les luttes contre l’oppression des femmes amorcées avant elles, par des autrices comme France Théorêt et Jovette Marchessault (Boivin et al., 2003, p. XXIV). De plus, certaines écrivaines ouvertement féministes, comme Nicole Brossard et Louky Bersianik, contribuent à l’écriture d’un numéro de Philosophiques portant sur l’utopie, auquel participent plusieurs autrices de SF, dont Vonarburg et Esther Rochon. Nous pouvons y lire l’autrice du Désert Mauve souligner que « les textes majeurs du féminisme émanent de ce débordement comme si l’utopie était la seule forme affirmative du féminin, capable de déplacer le sujet féminin de manière à ce que, dit ou non-dit, il soit omniprésent comme une source de sens » (Nicole Brossard, 1994, p. 313).
Toutefois, Le Silence de la Cité propose une réflexion critique dont le féminisme est plus diffus. Isabelle Boisclair, professeure titulaire au Département des Arts, des langues et littératures de l’Université de Sherbrooke mentionne que « la production littéraire des femmes depuis 1980, sans être nécessairement militante, participe à l’énonciation du féminin » (2014, p. 52). Aussi, bien que le personnage d’Élisa se démarque par des capacités évaluatives qui lui permettent d’observer, de nommer et de renverser les inégalités entre les hommes et les femmes, elle ne croit pas que cela doive se faire de manière précipitée ou par la force, mais par « le travail, la patience et l’éducation » (Vonarburg, 1998, p. 265). C’est cette retenue qui caractérise les représentations féministes du roman de Vonarburg de celle des utopistes féministes des années soixante-dix, dont les revendications sont plus prescriptives.
Guy Bouchard oppose l’idée de cette Cité idéale à la dystopie, qui présente une image pessimiste de la société. Cette seconde catégorie de récits compte, entre autres, 1984 de George Orwell (1949), l’Euguélionne de Louky Bersiankik (1976) et The Handmaid’s Tale de Margaret Atwood (1985). D’ailleurs, les chercheur·se·s Sylvie Vartian et Bernard Girard ont fait une lecture comparée du roman d’Atwood et des Chroniques du pays des mères de Vonarburg (qui fait suite au Silence de la Cité) puisque les autrices, toutes deux « nord-américaines et féministes, ont traité des questions du rapport entre les sexes, de la reproduction, du genre et de l’identité sexuelle » (2012, p. 1). Bien que Le Silence de la Cité précède The Handmaid’s Tale de quatre ans, les deux romans captent bien les préoccupations de la période 1981-1985, qui mettent en scène des sociétés en guerre et aux prises avec des problèmes écologiques. À titre d’exemple, voici l’environnement dans lequel s’installe le roman de Vonarburg :
Les accidents nucléaires accumulés, les pollutions, les petites guerres partout, et trop de gens, et juste assez à manger, et la Terre elle-même qui se fâche, les tremblements de terre, les volcans réveillés, les climats qui changent, les famines, les épidémies et enfin les grandes marées, qui ont changé l’aspect des continents (l’autrice souligne, 1998, p. 265).
Le monde dans lequel s’inscrit La Servante écarlate n’est guère plus engageant. Par la focalisation interne de la narratrice, nous apprenons que les informations télévisées présentent « une ville, toujours en vue aérienne. C’était autrefois Détroit. Derrière la voix du commentateur on entend un pilonnage d’artillerie. De la ligne d’horizon montent des colonnes de fumée » (Margaret Atwood, 1987/2017, p. 84). Entre autres catastrophes, le roman évoque les « explosions d’usines atomiques, le long de la faille de San Andreas […] au moment des tremblements de terre » (Atwood, 1987/2017, p. 11). Néanmoins, le roman de Vonarburg propose une ouverture utopique qui diffère de la dystopie d’Atwood.
Le Silence de la Cité se rapproche davantage des « univers féministes inventés depuis les années 1970 par des auteures telles que Joanna Russ [et] Ursula Le Guin » (Sylvie Vartian et Bernard Girard, 2012, p. 28). En effet, l’ouvrage notoire que Russ écrira en 1975, The Female Man, affiche des connivences avec le roman de Vonarburg : d’abord, par son titre, qui évoque l’hermaphrodisme d’Élisa-Hanse, ensuite par son scénario, qui se développe dans un monde où les hommes ont disparu des suites d’une maladie. Plus directement encore, Vonarburg se revendique de Le Guin. Elle rapporte avoir commencé à écrire en 1969, après avoir lu La main gauche de la nuit, précisant « [qu’elle] commençai[t] à être fatiguée des histoires de fusées [et de] de colonisation » (René Beaulieu, 1983, pp. 68).
Effectivement, l’autrice d’origine californienne aborde des « thèmes anarchistes, féministes, ethnologiques, psychologiques, anthropologiques et sociologiques » (Vartian et Girard, 2012, p. 8). La main gauche de la nuit prend la forme d’une suite de rapports qui décrivent les habitants de Géthen-Nivôse, une société où la notion de genre n’existe plus. Les êtres vivants sur cette planète sont hermaphrodites et ce n’est qu’au moment de l’acte sexuel que se produit une « prédominance des hormones mâles ou femelles chez l’un des partenaires […] et qui fait prendre à son partenaire le rôle inverse » (Ursula Le Guin, 1971, p. 82). En conséquence, « les êtres normaux n’ont de prédisposition ni au rôle masculin ni au rôle féminin, ils ne savent jamais lequel ils vont jouer et ne peuvent pas choisir » (Le Guin, 1971, p. 82). Le Silence de la Cité reprend cette idée. Premièrement, comme les Ghéthéniens, Élisa peut passer d’un sexe à l’autre à volonté, mais elle ne change de corps « que pour donner la vie aux enfants » (Vonarburg, 1998, p. 194). Elle élève les bébés du Projet, d’abord, en tant que filles, qui « ne deviendront des garçons qu’à quatorze années. Ensuite, ils changent régulièrement, pour bien connaître les deux sortes de corps. Et à la fin, ils choisissent » (Vonarburg, 1998, p. 194). Ainsi, Le Silence de la Cité permet de penser l’identité de genre comme quelque chose de personnel, de fluide ou d’évolutif, et il le démontre par l’utilisation d’un code de la science-fiction – la capacité de modifier sa matière corporelle – et l’intégration des thèmes féministes privilégiés par les écrivaines américaines.
Vartian explique que la notion de genre est « inspirée des travaux de Margaret Mead et apparue pour la première fois aux États-Unis, en 1972, sous la plume d’Ann Oakley » (2012, p. 3). Étrangement, c’est une écrivaine française qui vient consolider le lien entre Vonarburg et le féminisme américain. Monique Wittig, née en France en 1935, est morte en 2003, « à Tucson (Arizona), où elle vivait et enseignait depuis de longues années » (Le Monde, 2003, s.p.). C’est d’ailleurs aux États-Unis qu’elle donne la conférence qui aboutira sur La Pensée Straight. Dans une thèse de doctorat qui compare les univers de Bersianik, de Vonarburg et de Rochon, Sharon C. Taylor retrace que « de Christine de Pizan à Monique Wittig, entre autres, les écrivaines féministes se sont beaucoup interrogées sur la question de l’identité sexuale7Il s’agit d’un néologisme inventé par Guy Bouchard pour qui l’adjectif ‘‘sexual/sexuale’’ désigne ce qui a trait à la différence entre les sexes, sans connotation spécifiquement sexuelle. [Il traduit] ‘‘gender’’ par ‘‘identité sexuale’’. (Bouchard, 1994, p. 485) de la femme et de l’homme dans la société patriarcale. Quoique la question ait déjà été étudiée sous plusieurs angles, elle reste au centre des débats féministes actuels » (2002, p. 46). Aussi, il semble que Les Guérillères dessine des traits communs avec Le Silence de la Cité.
Entre autres similitudes, les deux romans discutent des discriminations et des violences qui se font sur la base d’une distinction entre les genres. Cet aspect a déjà été relevé chez Vonarburg par l’évocation de l’organisation sociale féodale et machiste qui autorise les féminicides. Le roman de Wittig expose aussi les inégalités en lien avec l’identité sexuale, mais par le biais d’une critique des récits qui propagent les représentations de l’infériorité et de la domination des femmes :
Il faut, disent-elles, faire abstraction de tous les récits concernant celles qui parmi elles ont été vendues battues prises séduites enlevées violées échangées comme marchandises viles et précieuses. Elles disent qu’il faut faire abstraction des discours qu’on leur a fait tenir contre leur pensée et qui ont obéi aux codes et aux conventions des cultures qui les ont domestiquées (1969/2019, p. 184).
Les deux fictions mettent en scène des personnages féminins qui s’unissent dans une lutte violente contre le régime patriarcal. À titre d’exemple, la dernière partie du roman de Vonarburg se présente sous la forme d’une guerre civile des femmes – sur le modèle des Amazones, une figure archétypale de la femme armée. Toutefois, contrairement aux guérillères qui s’énoncent toutes sous le pronom Elles pour montrer qu’elles ne font qu’une dans leur démarche émancipatrice, les femmes du Silence de la Cité ne sont pas toutes sur la même longueur d’ondes. Élisa se dit « contre la violence » (Vonarburg, 1998, p. 283) et se désolidarise de ses consœurs. Elle refuse de prendre part au projet entrepris par les femmes de Libéra – attaquer les hommes du clan Viételli et prendre le pouvoir – arguant que cela ne ferait « qu’échanger les esclaves » (Vonarburg, 1998, p. 273).
Les multiples niveaux discursifs du roman – représentés par le biais des différentes strates sociétales qui y évoluent –, nous permettent de distinguer la réflexion métaféministe8 Il s’agit d’un concept inventé par Lori Saint-Martin, qui représente un féminisme plus diffus, qui n’est pas porteur d’un grand discours et qui n’asservit pas l’écriture à une cause, mais en englobe plusieurs. qui s’installe chez Vonarburg (Lori Saint-Martin, 1992, pp. 78-88). En effet, les références intertextuelles relevées jusqu’à maintenant dans le Silence de la Cité permettent d’examiner l’évolution des discours féministes. De l’utopie classique aux déclinaisons eutopie/dystopie, du roman de Shelley aux fictions des écrivaines américaines des années 1970, le roman de Vonarburg expose l’activité des femmes dans l’histoire de la science-fiction, tout en se démarquant de ce qui s’est fait avant.
L’analyse des discours et la réception critique
Pour Isabelle Tournier, « la construction de l’événement [littéraire] s’opère à travers une traversée des discours tenus qui, avec leurs présupposés, mobilisent et modulent des argumentaires de valeur » (2002, p. 758). J’observerai ici l’importance de Vonarburg dans le milieu de la littérature de science-fiction, de son apparition dans le champ des études universitaires vers la fin des années 1970 jusqu’à aujourd’hui. Mais avant de démontrer en quoi elle fait figure de proue, voyons comment Le Silence de la Cité synthétise les discours tenus dans les journaux, les revues féministes et les magazines féminins des années 1980, au Québec.
Les voix qui s’élèvent dans le discours social de l’époque mettent en évidence l’insécurité des femmes face à l’avenir en ce qui concerne les inégalités de genre et les violences sexuelles. Comme l’observent Isabelle Boisclair et Catherine Dussault-Frenette dans un article qui traite de l’écriture des femmes au Québec entre 1980 et 2010, « la contrepartie de l’énonciation d’une sexualité désentravée est certainement l’écriture des violences sexuelles que subissent les femmes dans un monde saturé par ce qu’il est désormais convenu d’appeler la « culture du viol » » (2014, p. 48). Justement, Janine Boynard-Frot, une docteure ès lettres de Sherbrooke, se demande : « Pourquoi l’aide aux victimes de viols? » (1980, p. 5). Elle se questionne : « sommes-nous vraiment des citoyennes à part entière, quand sur notre vie, pèse constamment et sournoisement la menace du prédateur, quand, pour prévenir cette menace, il nous faut vivre emmurées en nous-mêmes de crainte de provoquer l’agresseur » (Boynard-Frot,1980, p. 5). Par le fait même, dans Le Silence de la Cité, Élisa choisit de quitter la Cité qui la protégeait pourtant des violences du monde extérieur, où les femmes sont « fouettées, torturées, violées, massacrées » (Vonraburg, 1998, p. 265). Ce qui fait d’elle un personnage pourvu d’un caractère agentif9 L’agentivité est une volonté de dire, d’agir sur le monde et de changer les choses qui se base sur des compétences évaluatives. qui peut être pris comme modèle, et auquel un lectorat féminin peut facilement s’identifier.
L’inquiétude des femmes face à la violence ambiante s’affiche également dans les magazines féministes comme la Vie en Rose, dont un exergue du numéro de juin 1980 – « Nous les femmes, nous n’irons pas à la guerre » – répond à l’invitation de Kate Millett qui enjoignaient alors les femmes à réagir à « la menace de la guerre et, surtout, à l’éventualité de la circonscription des femmes américaines dans les forces armées » (1980, p. 19). Analogiquement, nous pouvons lire dans Le Silence de la Cité que « les femmes libres resteront à Libéra, et si on nous attaque, nous nous défendrons » (Vonarburg, 1998, p. 242). Dans les deux cas, les femmes ne souhaitent pas évoluer dans la violence, mais elles démontrent qu’elles pourraient y avoir recours s’il s’agissait de lutter contre leur asservissement. D’ailleurs, le numéro de la Vie en rose de septembre 1980 compte une entrevue de six pages avec la féministe américaine, venant faire taire les personnes qui croient que les enjeux liés à la guerre et à la politique n’intéresseraient pas les femmes. Plus précisément, nous y lisons, tout comme dans la dernière partie du roman de Vonarburg, le refus des compromis qui, sous le prétexte de l’égalité, agiraient plutôt au bénéfice des instances au pouvoir, pour la plupart des hommes.
De nombreuses écrivaines affirment qu’il est impératif de « reconnaître la contribution du féminisme qui a joué un rôle important dans la formation de critiques et de traductrices, notamment, et a permis aux femmes de se légitimer les unes les autres » (Francine Bordeleau, 2018, p. 14). Le Silence de la Cité est publié avec l’aide d’Élisabeth Gilles (écrivaine, traductrice et aussi directrice littéraire chez Denoël entre 1976 et 1986). Vonarburg, en plus d’être autrice et critique, est traductrice pour Guy Gavriel Kay – un écrivain saskatchewanais d’expression anglaise spécialisé en fantasy, et ayant vendu des millions d’exemplaires de ses livres au Canada, selon les chiffres affichés sur le site de la maison d’édition chez laquelle il publie10 Il s’agit de la maison d’édition Alire. La biographie de l’auteur a été consultée à l’adresse https://www.alire.com/Auteurs/Kay.html.. Sa fonction de traductrice dans le cadre des littératures de l’imaginaire, jouxtée à la renommée de l’écrivain pour lequel elle travaille, donnent crédibilité et visibilité au nom de Vonarburg.
Dès le début de sa carrière, l’écrivaine d’origine française, établie à Chicoutimi depuis les années soixante-dix, se classe dans la catégorie des « jeunes auteurs voués corps et âme à la science-fiction ou aux genres connexes » (Claude Janelle, 1981, p. 67). Il est vrai que Vonarburg s’implique dès la formation des premières revues littéraires de science-fiction au Québec11 Les revues les plus notables sont Requiem (aujourd’hui Solaris), fondée au Cégep Édouard-Montpetit par Norbert Spehner, et Imagine, mise sur pied par le critique Jean-Marc Gouanvic et l’autrice Esther Rochon., ce qui lui permet de se construire une réputation auprès de ses pairs, pour la plupart issus des milieux universitaires. D’ailleurs, presque chaque numéro de Requiem compte un de ses textes, qu’il s’agisse d’une création ou d’un article. Malgré le format court de la nouvelle, les critiques relèvent déjà « sa sensibilité, ses analyses psychologiques fines et la perfection de son écriture » (Boivin et al, 2003, p. 260). La forme romanesque du Silence de la Cité et les récompenses12 Entre autres, le Grand prix de la science-fiction française, en 1982. Pour la liste complète, consulter la fiche de l’autrice sur le site de la maison d’édition Alire : https://www.alire.com/Auteurs/Vonarburg.html#anchor837059. que le roman obtient à l’internationale suite à sa publication dans la prestigieuse collection française « Présence du Futur », participent à faire reconnaître Vonarburg auprès d’un public québécois plus large, dont les lecteur·trices du magazine Châtelaine.
Si aujourd’hui, les magazines féminins ne font pas belle figure dans le milieu de la critique, il fût un temps où ils ont pourtant participé à promouvoir la littérature et plus particulièrement, à mettre de l’avant la voix de certaines écrivaines, autrement négligées. À ce sujet, des chercheur·e·s de la revue Recherches Féministes saluent « le lancement, en 1960, d’un nouveau périodique populaire féminin à perspective plus moderne : la revue Châtelaine » (Julia Bettinotti et al, 1994, p. 138). Claude Janelle relève qu’à l’époque, le périodique publie régulièrement des nouvelles de science-fiction (2006, p. 335). Nous notons que le magazine, en plus de faire dans la critique du genre, fait éloge aux auteur·trice·s dont il publie les accomplissements. À titre d’exemple, dans le Châtelaine du mois de mai 1982, Monique Dagenais-Lord mentionne le prix remis à Vonarburg pour Le Silence de la Cité (1982, p. 9). Son article, intitulé « Bravo Élisabeth Vonarburg », contribue à mettre en lumière le travail de Vonarburg, dans la continuité de ce réseau visant l’essor et la réussite des femmes en science-fiction.
Jean-Marc Gouanvic, à qui l’on doit quelques anthologies de science-fiction, croit « [qu’]une véritable science-fiction a besoin non seulement de créateurs, mais aussi de théoriciens » (Sophie Marcotte, 2010, p. 17). De toutes mes lectures à propos de l’institution littéraire de la science-fiction au Québec, le nom de Vonarburg revient ponctuellement lorsqu’il s’agit de la transmission du savoir, que ce soit pour sa participation à l’élaboration de conventions comme le Congrès Boréal, la mise sur pied d’ateliers d’écriture ou en tant que figure de modèle chez bon nombre de jeunes autrices. Claude Janelle confirme que « la relève qui pointe [est] issue pour une bonne part des ateliers d’écriture que continue de donner Vonarburg » (2012, p. 39). Il cite en exemple l’écrivaine Sylvie Bérard, « la plus remarquable révélation des dernières années » qui s’impose comme « la digne héritière de Vonarburg », entre autres pour ses préoccupations féministes (Janelle, 2012, p. 39). Nous notons que ses travaux portent sur la littérature autochtone, le queer et la science-fiction13 La fiche complète peut être consultée sur le site de la maison d’édition Alire, à l’adresse https://www.alire.com/Auteurs/Berard.html. Bien que son roman Terre des Autres, paru chez Alire en 2004, ait été récipiendaire du Prix Boréal et du Grand prix de la science-fiction et du fantastique québécois en 2005, il reste que Bérard est plutôt connue pour ses analyses théoriques sur la science-fiction14 Nous relevons l’article suivant : Sylvie Bérard et Andréa Zanin, « Femmes extrêmes : paroxysmes et expériences limites du féminin… et du féminisme », Recherches féministes, Vol. 1, No. 27, 2014. que pour sa propre prose science-fictionnelle.
Arlette Farge entend « la mémoire de l’événement […] simplement comme la façon dont il s’insinue dans le corps social collectif, trouve un ou des places originales qui le font varier au fur et à mesure du temps » (2002, s.p.). Aussi, je crois que si la publication du Silence de la Cité fait événement en 1981, il est relancé en 1998. L’année de la réédition du roman aux éditions Alire, le Conseil de la femme décerne le Prix Femme et littérature à Vonarburg, élargissant la visibilité de l’autrice auprès d’un plus jeune public. En conséquence, c’est suite à cette seconde édition que les mémoires et les thèses mentionnant Le Silence de la Cité ou son autrice voient le jour. Attestant pour la plupart de la valeur de l’écrivaine pour la SF féministe au Québec, ces textes abordent plus particulièrement les sujets de la reconceptualisation encyclopédique du corps, des utopies et des dystopies féminines ainsi que des dispositifs sexe/genre15 Se rapporter à la section III-C de la notice bibliographique..
J’espère que cette relecture historique du Silence de la Cité aura permis, d’une part, d’inclure l’écriture de Vonarburg dans une tradition science-fictionnelle féministe, et de l’autre, de dresser sa trajectoire dans le champ de l’institution littéraire du Québec. En faisant un retour sur la période des années 1980, il m’a été possible d’entretenir un dialogue entre les préoccupations féministes, le discours social et le roman de Vonarburg, qui s’intéressent tous au sujet de la violence en lien avec l’identité de genre. En 2020, nous devrions pouvoir penser le statut des corps en tant qu’organisme vivant, tel que le souhaite le philosophe Paul B. Preciado, pour qui la science-fiction permet de mettre en scène des « techniques de subjectivation dissidentes qui résistent à la normalisation des corps » (Victoire Tuaillon, 2019). Aussi, nous pourrions lire dans les capacités anamorphiques des enfants d’Élisa la possibilité de défaire les systèmes de représentation qui découlent des distinctions basées sur l’assignation d’un genre à la naissance.
Bibliographie
I. Corpus principal
Vonarburg, Élisabeth. 1998. Le silence de la cité. Québec : Alire.
II. Corpus secondaire
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III. Réception critique du corpus et biographie de l’autrice
Boivin, Aurélien (dir.), Chamberland, Roger, Dorion, Gilles et Girard, Gilles. 2003. Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec. Tome VII : 1981-1985. Montréal : Fidès.
Beaulieu, René. 1983 (printemps-été). « SF, mythes et métamorphoses : entrevue d’Élisabeth Vonarburg ». Nuit blanche, no 9, p. 68–71.
Dagenais-Lord, Monique. 1982 (mai). « Bravo Élisabeth Vonarburg ». Châtelaine, p. 9.
Lachance, Lise. 1998 (décembre). « Le Québec au menu ». Le Soleil, cahier B, p. 10.
IV. Ouvrages théoriques
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Bettinotti, Julia, Bleton, Paul, des Rivières, Marie-Josée et Saint-Jacques, Denis. 1994. « Lecture paralittéraire québécoise : les femmes et le travail de 1945 à aujourd’hui ». Recherches féministes, vol. 7, no 2, pp. 135-144.
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Delphy, Christine. 1980 (février). « Nouvelles du M.L.F : Libération des femmes an dix ». Questions féministes, no 7, pp. 3-13.
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« Nous les femmes, nous n’irons pas à la guerre ». 1980 (juin-juillet-août). La vie en rose, n° 2, p. 19.
V. Mémoires ou thèses avec mention du corpus ou de l’autrice
Dallaire, Julie. 2004. Pour une narratologie relative : la narratologie à l’épreuve de la science-fiction. Chicoutimi : Université du Québec à Chicoutimi (thèse).
Deschènes-Pradet, Maude. 2017. Hivernages suivi de Habiter l’imaginaire : pour une géocritique des lieux inventés. Sherbrooke : Université de Sherbrooke (thèse).
Grégoire, Tania, 2015. Critique sociale et processus utopique dans Le silence de la cité et Chroniques du pays des mères d’Élisabeth Vonarburg. Trois-Rivières : Université du Québec à Trois-Rivières (mémoire).
Houle, Patrice. 2010. Paradigme Québec : la science-fiction québécoise. Montréal : Université du Québec à Montréal (thèse).
Lauzon-Disco, Mathieu. 2012. Reconceptualisation encyclopédique du corps cyborg dans les textes d’Élisabeth Vonarburg et de Catherine Dufour. Montréal : Université de Montréal (mémoire).
Taylor, Sharon C. 2002. Dystopies et eutopies féminines: L. Bersianik, E. Vonarburg, E. Rochon, Montréal : Université McGill (thèse).
Tremblay, Carine. 2004. Les dispositifs de sexe/genre dans l’oeuvre de deux auteures de science-fiction québécoise É. Vonarburg et E. Rochon. Sherbrooke : Université de Sherbrooke (mémoire).
VI. Contenu audio
Tuaillon, Victoire. 2019 (25 avril). « Cours particulier avec Paul B. Preciado ». Les Couilles sur la table.