Mon ennemi
J’étouffe
Je rage
Je crie en silence
J’enrage
Mon corps bat vite, très vite, trop vite
Je suis en alerte, essoufflée, esseulée
Personne ne peut voir le combat qui se fait à l’interne
Ça me pique partout
Je gratte
Je gratte jusqu’au sang
Je gratte en sachant que ça ne me pique pas
Que les milliers de pointes qui s’enfoncent une à une dans ma peau ne sont que dans ma tête
Mon corps est mon ennemi.
Incapable de suivre le tumulte de mes pensées
Incapable de survivre à l’enchaînement de mes émotions
J’ai chaud, je sue, je brûle
Mon sang circule à la vitesse de la lumière
Sauf dans mes pieds. Sauf dans mes mains
Ils glacent. Je glace. Je fige
De sentir la propre froideur de mes mains sur mon corps
Je n’ai pas le temps de m’arrêter
Je vais si vite
Si vite
Ça tourne
Tout tourne autour de moi
Ou est-ce moi qui tourne pour ne pas voir?
Il fait noir.
Ma vue rétrécit
Tout s’embrouille
J’aimerais mettre mes lunettes
Je les porte déjà
Je voudrais frotter mes yeux pour agrandir le tunnel flou par lequel je vois, mais j’ai peur qu’ils restent cachés derrières mes mains
Mon cœur s’emballe encore, mon corps reste pris derrière
Je veux vomir
Mes oreilles cillent, les tambours dans ma tête accélèrent
Je pense mourir
Je souris.