Sans titre
L’utopie désigne le mouvement incessant du dépassement, car tout dépassement entraîne aussitôt ses propres dérives ou révèle de nouveaux pièges. Ce n’est pas la projection d’un autre monde préconstitué qui ferait norme, la substitution d’une image à une autre image, mais le déploiement de l’imaginaire contre la clôture de toute image.
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Sommes-nous bercéEs par des joies démesurées, incompréhensibles, sauvages, folles?
Nous reconnaissons-nous dans ce qui nous entoure ? Dans ce qui est changeant, complexe et disparate, ce que nous ne contrôlons pas ?
Préférer voir des résultats neutres. Sont-ils empreints d’optimisme ?
Comme la peur de l’étranger, nous craignons l’incompréhension.
Ayant besoin d’explication et de raisonnement, incapables de comprendre l’essentiel, notre désinvolture. Dans un monde, notre monde, où tout doit être compris et raisonné, nous nous battons contre nous-même, contre des moulins à vent.
Nous nous contrôlons. Nous cherchons partout à contrôler. Ayant peur de spontanéité, de liberté, d’incontrôle, d’intensité.
Cette effrayante peur déclenche le moteur d’un immense engrenage destructeur dont l’objectif premier est d’entraîner l’abolition de l’infinie possibilité.
Ce contrôle finit par persécuter tout, puisque rien n’est à son image, puisque la spontanéité est spontanée et s’éveille aux endroits improbables.
Ce contrôle croit qu’il existe un dénouement clair, défini, constant. Il croit que nous pouvons contrôler les incompréhensions du monde. Au rythme effréné, faisant preuve d’une accablante violence il domine en frappant, coupant, détruisant, piétinant, polluant, séquestrant, saccageant, emprisonnant, rejetant, séparant, ségréguant. Se légitimant. Aberrations, nombreuses brutalités, cycles et dangers déroutants qui s’ancrent bien profondément en nous (?)
La domination, le contrôle apparaissent en formats abondants. La destruction de toutes celles, sorcières et insoumises, de tout ceux, libertaires et affranchis, qui croient et militent pour la simplicité, pour l’infinité. L’avalant puisqu’y voyant leur liberté, leur authenticité.
PersécutéEs. Nous sommes persécutéEs. ExécutéEs. Littéralement et symboliquement.
L’inacceptation de l’incompréhension constante et immuable s’exprime par un besoin impératif de contrôler qui y croit. Le monde effrayant vole ceux et celles qui embrassent cette magie. Le son du vent dans les feuilles au printemps suffit.
Mais ce pillage n’assouvit personne.
Déroutant monde qui s’éternise. Le monde est lourd puisque la magie n’est que flashs, besoins parodiques, sporadiques et surtout profondément compromis.
Cette barque (nous), cherchant sens et direction. Ayant oublié que la terre, la rive sont notions inexistantes.
Se sont les vagues qui bercent et libèrent, qui nous orientent momentanément.